Déménagement paroissial !

     


Un très grand merci à tous ceux qui hier se sont mobilisés pour le déménagement paroissial. Il y avait bien plus de 30 personnes, venues de toutes les extrémités de nos deux paroisses, et de toutes les générations, pour réaliser cette opération. Ainsi donc ce déménagement, initialement prévu pour durer trois jours, n'en duré qu'un ! Qui plus est, un grand ménage a été méticuleusement fait, non seulement dans nos nouveaux bâtiments, mais aussi au presbytère. Alors encore une fois, un très grand merci à tous pour cette jolie mobilisation. 

    À partir de maintenant, nous allons prendre, ensemble, de nouvelles habitudes de travail, de réunion et d'organisation. A l'usage de ce nouveau bâtiment, nous procéderons au fur et à mesure aux ajustements nécessaires en termes d'ameublement, de répartition et d'utilisation des salles, ainsi que des menus travaux et bricolage à poursuivre, notamment en ce qui concerne les portails, la téléphonie, et l'organisation de l'accès. 

    Nous remercions donc chacun de comprendre que tout n'ira pas de soi du premier coup, mais nous avons plus de 4 mois pour utiliser ce bâtiment, afin d'être pleinement opérationnel à la rentrée de septembre prochain. C'est un peu comme pour un grand bateau : avant de l'envoyer en mission il faut faire des "essais à la mer", pour que l'équipage prenne ses marques et se forme à son pilotage. 

    


Alors encore une fois un grand merci à tous ceux qui ont fait le travail, dans l'ombre ou dans la lumière, hier et aujourd'hui, et à tous ceux qui continuent le travail pour demain (maintenant, il faut ranger !). Un grand merci tout particulier au Conseil Economique Interparoissial qui accompagne ses travaux depuis plusieurs années déjà, et à Philippe qui, en son sein,  nous a fait profiter de ses compétences sans ménager sa peine et son temps, pour que ce projet puisse se réaliser.

    A chacun maintenant de s'approprier les lieux, de les habiter et de les animer !

Jeanne d'Arc, une sainte pour aujourd'hui I


 Vaincre quelques réticences :

           Dès que nous avons décidé d’organiser une mission paroissiale autour de la figure de Ste Jeanne d’Arc, il est immédiatement apparu que la Pucelle d’Orléans ne faisait pas l’unanimité des dévotions. En 2023, il y existe, chez les uns et les autres, des réticences à la mettre en valeur, et pourtant, pourtant, elle est à la fois héroïne nationale et sainte catholique, élevée au panthéon de nos gloires patriotiques bien avant d’être canonisée par l’Eglise. Rares sont les églises de  nos diocèses qui, à l’instar de St Antoine de Padoue, de Ste Bernadette, du curé d’Ars et de Ste Thérèse de Lisieux, ne contiennent pas une effigie de Jeanne d’Arc ! Elle est bel et bien figure de Foi et modèle d’une vie évangélique. Elle doit bien avoir quelques chose à nous dire encore aujourd’hui, alors, commençons peut-être par prendre le temps de lever les quelques réticences !

 La première réticence, la plus évidente, c’est qu’elle fit l’objet de récupérations politiques, anciennes et récentes, qui firent parfois grand bruit dans le paysage médiatique. L’héroïne nationale fut souvent réduite au statut d’égérie nationaliste, de sorte que s’intéresser à Jeanne d’Arc nous rend facilement soupçonnable d’appartenir à un parti et de militer en sa faveur. Ainsi par exemple, sous la III° république, dans un contexte d’extrême polarisation politique, la figure et l’héritage de Jeanne furent constamment revendiqués par des camps antagonistes. Mais n’est-ce pas justement la succession de ces vaines tentatives d’appropriations indues qui atteste de l’universalité de Jeanne en laquelle beaucoup se reconnaissent et s’identifient, et bien au-delà des frontière de la France ? D’une récupération à l’autre, elle finit par échapper à toutes, et son universalité ne se laisse pas réduire.

La seconde réticence, quasi immédiate elle aussi, c’est le malaise que nous avons d’imaginer la sainteté compatible avec l’emploi des armes et le métier militaire.  Jeanne d’Arc fut un chef de guerre, un général des armées française qui mena ses troupes au combat et prit part à la bataille. Mais  nous savons bien qu’ici-bas, dans ce monde qui est le nôtre, il est des violences qui ne s’arrêtent pas avec la diplomatie et la persuasion. Il faut hélas consentir à ce que l’usage de la force devienne inéluctable, à la fois nécessaire et légitime pour protéger le faible, rétablir le droit et la justice. Dans l’Evangile de Luc, Jean-Baptiste ne demande pas aux soldats de changer de métier pour se convertir, mais simplement d’accomplir leur devoir d’une certaine manière : « Ne faites violence à personne, n’accusez personne à tort ; et contentez-vous de votre solde. » (Luc 3, 10-15).

La troisième réticence plus diffuse et culturelle celle-ci, c’est que Jeanne fit l’objet d’un nombre considérable de romans et de film, dans lesquels l’imagination à souvent pris des libertés avec la vérité de l’histoire. De la sorte, il existe “des légendes” de Jeanne d’Arc, qui façonnent dans nos mémoires une image déformée de ce qu’elle fut réellement. Que l’on pense par exemple aux crises d’hystéries de Milla Jovovitch dans la “Jeanne d’Arc” de Luc Besson en 1999. Il faut régulièrement que des historiens sérieux s’emploient à redire la vérité et corriger les erreurs. Régine Pernoud hier, Valérie Toureille aujourd’hui, nous redisent qu’il n’y a pas de personnage au XV° siècle sur lequel nous sommes le mieux et le plus abondamment documenté. Mais il nécessaire de prendre un peu de distance avec l’image spontanée que nous avons d’elle, en nous redonnant les moyens  de “réviser nos cours d’histoire”.

 Et c’est en prenant le temps et les moyens de mettre à jour nos quelques souvenirs de collégien et du catéchisme que l‘on peut resituer Jeanne dans l’Histoire telle qu’elle fut, et redécouvrir ainsi l’ampleur et la portée du témoignage de se vie. Alors commençons par quelques rappels.


Contexte politique :

Bien des historiens s’accordent à penser que la période la plus noire de notre histoire de France est sans doute celle que l’on désigne comme “la guerre de 100 ans”. Celle-ci connut des accalmies, mais il n’empêche que le pays fut profondément ravagé durant de très longues années, par deux  guerres concomitantes.

Il y a celle contre les Anglais qui débute en 1337 (75 ans avant la naissance de Jeanne).  Elle est d’abord marquée par la domination anglaise, qui va infliger de grands revers aux Français. Citons la bataille de Crécy en 1346, puis la défaite de Poitier en 1356, face aux troupes du Prince Noir. Le contexte social et économique s’en trouve profondément et durablement dégradé, ce qui suscite des révoltes plus ou moins violentes et organisées, dont celle d’Etienne Marcel et la grande Jacquerie de 1358 (54 ans avant Jeanne). De 1360 à 1380, les armées françaises connaissent un répit à leurs difficultés, sous la houlette de Charles V et du Guesclin, qui remportent un certain nombre de succès militaires. Mais à leurs morts (en 1380) s’inaugure le règne compliqué de Charles VI,  (“Charles le Fol”) lequel va progressivement sombrer dans la démence.

Commence alors une seconde guerre : la guerre civile qui oppose Armagnac et Bourguignon, de 1407, (soit 5 ans avant la naissance de Jeanne) jusqu’en 1435. La santé mentale de Charles VI le conduit à des crises de folie qui justifie de le placer sous contrôle. Et les deux branches cadettes des Valois s’écharpent pour le contrôle de la Régence. Ce conflit affaibli encore plus le Royaume de France et fait le jeu de l’Angleterre. La défaite d’Azincourt, en 1415 (Jeanne à 3 ans), avec l’effondrement de la chevalerie Française, catalyse les malheurs du pays. La disparition de 6000 chevaliers, parmi lesquels, de nombreux grands seigneurs, duc et princes de sang, à une époque où les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire ne sont pas séparés, précipite le pays dans des difficultés de gouvernance à toutes les échelles. Ainsi s’ajoute aux malheurs du temps,  une insécurité permanente due aux bandes de brigands qui écument les campagnes et que nul ne contient. Notons qu’après le traité de Troye (21 mai 1420) qui modifie les règles de succession au trône de France, puis la mort des deux rois de France et d’Angleterre en 1422, la guerre reprends de plus belle. Jeanne a alors 10 ans.

A ces deux guerres simultanées, s’ajoute une autre calamité. En effet, 65 ans avant la naissance de Jeanne, l’Europe est frappée par la grande épidémie de Peste Noire (de 1347 à  1351).  Certains historiens estiment qu’elle a tué 7 millions de Français sur une population de 17 millions à cette époque. Quasiment 1/3 de la population de l’Europe va disparaitre, avec toutes les conséquences que cela peut avoir, notamment des épisodes de famines liés à la disparition de la main d’œuvre agricole et la diminution des surfaces cultivées. Le cocktail guerre/insécurité/épidémie n’en finit pas d’entretenir et d’amplifier les épreuves !

 Ainsi, lorsque Jeanne d’Arc nait à Domrémy, en 1412, le jour de l’Epiphanie, cela fait près de 80 ans que le pays et sa population connaissent et enchainent de grandes souffrances. Et dans ce contexte, l’on ne peut même pas compter sur l’Eglise pour chercher apaisement et stabilité, car celle-ci est également profondément divisée avec la crise d’Avignon. En 1412, l’année de la naissance de Jeanne, il y 3 papes !


Contexte religieux :

        De fait, le contexte religieux est celui d’une Eglise profondément meurtrie par “le grand schisme d’occident”. En 1378 (34 ans avant la naissance de Jeanne), l’Eglise se divise en deux obédiences, avec d’un côté, Urbain VI, pape à Rome, que les historiens nous disent soucieux de revenir à l’Evangile ; et de l’autre Clément VII qui gagne Avignon en 1379. Les deux obédiences se configurent aux divisions déjà acquises de la guerre 100 ans.  Elles se répartissent et fluctuent en fonction des partis-pris de la politique. Le St Empire Romain Germanique est l’objet de toutes les sollicitations par les deux clans de Rome et d’Avignon, qui veulent l’agréger chacun à son camp. Mais, s’il se dessine dans les territoires des tendances majoritaires pour les obédiences, on ne peut constater de réelle homogénéité d’appartenance aux échelons locaux. Le schisme divise profondément la chrétienté latine, jusqu’à l’intérieur même des diocèses, des ordres monastiques et des paroisses aussi.

En 1394 (18 ans avant la naissance de Jeanne), le pape de Rome est Boniface IX et celui d’Avignon, Benoit XIII. Pour tenter de résoudre le schisme, l’on tente de contraindre l’un des deux papes à abdiquer en faisant des “soustraction d’obédience” (en 1395, puis 1407). Cela signifie que des évêques, en France notamment, prennent leur indépendance matérielle, fiscale et disciplinaire vis-à-vis de la papauté, pour faire allégeance aux pouvoirs temporels. Cela ne réussira pas, et bien au contraire, cultivera et renforcera les antagonismes au sein de la hiérarchie de l’Eglise, ainsi que les confusions entre spirituel et temporel. Qui plus est, en se liant aux pouvoirs temporels,  bien des ecclésiastiques de haut rang y perdront leur autonomie et liberté politique.

En 1409 (3 ans avant la naissance de Jeanne), le Concile de Pise démets les deux papes et en élit un autre, Alexandre V, de sorte qu’en 1410, il y a 3 papes : le pape de Rome, Grégoire XII, l’antipape Jean XXIII, à Pise, et enfin l’autre antipape Benoit XIII. En 1415, le Concile de Constance dépose les antipapes, convainc le pape d’abdiquer et élit Martin V en 1417 (Jeanne à 5 ans). Mais Benoit XIII se retire en Aragon et demeure “antipape” jusqu’à sa mort en 1423.

Questions actuelles : 

Ces rappels d’histoire nous permettent de comprendre que Jeanne nait dans un monde particulièrement complexe et meurtri. Or, dans cette situation historique détériorée sur tous les plans, commence aussi à s’engendrer un monde nouveau. Dans la douleur, émergent par exemple et progressivement les états où l’idée de “couronne” devient plus importante que la personne du Roi. La Renaissance a commencée en Italie,  la “modernité” est en germe,  et c’est tout cela qui fait que la vie de Jeanne demeure d’une grande actualité et nous interroge : comment dans un contexte si peu favorable, une jeune femme, laïque, a su tracer un chemin de foi, d’Espérance et de charité ? Comment dans les méandres historiques d’une période tourmentée, cette jeune chrétienne va s’ouvrir une voie de sainteté ? Quel était son rapport à la politique, au conflit armé, à l’Eglise qui tour à tour la soutint et la condamna ?

Il faudrait être historient et théologien pour donner à ses questions l’ampleur et l’approfondissement qu’elles méritent. L’auteur de ces lignes n’est ni l’un, ni l’autre, mais simplement un curé de campagne dont la quasi-totalité des églises qu’il dessert abrite une statue de Jeanne d’Arc. Les propos qui s’ensuivent ne peuvent avoir qu’un objectif : redire et servir la pertinence de la figure de Jeanne d’Arc pour notre temps, en dégageant quelques pistes (parmi d’autres possibles) de réflexions pastorales et spirituelles pour nos vies personnelles et paroissiales.

1er repère spirituel :

1 – Une spiritualité de l’incarnation ou la conversion de l’histoire !

Ainsi donc, les voix de Jeanne d’Arc sont celles de St Michel, de Marguerite d’Antioche et de Catherine d’Alexandrie. Des voix qui ne sont que médiatrices d’une parole de Dieu que l’on n’entend pas directement. Il faut dire qu’en cette fin du Moyen âge, seuls les clercs ont accès aux textes de l’Ecriture, et les fidèles seraient bien en peine de citer des passages bibliques. D’autant que Jeanne ne sait ni lire ni écrire. Dans le panégyrique de Jeanne qu’il prononça le 22 mai 2022 en la cathédrale de Rouen, Monseigneur Jean-Pierre Batut, dit à propos des révélations de Jeanne, que l’on “discerne dans les voix la présence de Eglise. L’Eglise du ciel se penche vers celle de la terre et accompagne sa marche dans le temps. Et ce faisant, elle se montre solidaire des interrogations et des combats de cette même église pérégrinant, qui a son tour ne saurait rester étrangère au drame des individus, des familles et des peuples.” L’évêque de Blois poursuit son discours en faisant référence au Concile Vatican II, dans sa Constitution Pastorale sur l’Eglise dans le monde ce temps : « Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtouts et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur. (…) La communauté des chrétiens se reconnait donc réellement et intimement solidaire du genre humain et de son histoire ».  (GS n°1)

De fait, les voix de Jeanne ne lui parlent pas de la pluie et du beau temps ! Comme elle en témoigne à son  procès, ses voix lui parlent de la situation politique de son pays, des conflits en cours, de l’art et la manière de les conduire, des questions juridiques quant à la légalité des prétentions royales, etc. Ainsi, de la part de Dieu, les voix conduisent Jeanne d’Arc à comprendre que son Seigneur a décidé d’intervenir dans le concret de l’histoire pour que l’histoire des hommes, qui depuis 100 ans n’est qu’histoire dramatique, histoire de violence et d’affrontements, de guerre et de mort, que cette histoire-là devienne une histoire de droit et de justice, puis de paix et de réconciliation, et donc de charité.

On comprend alors quel est le sens de la mission de Jeanne d’Arc et ce qui fait sa sainteté. C’est le même mystère qu’au buisson ardent lorsque Dieu dit à Moïse (je cite) :

 

Ex 3, 7-9 : «J’ai vu, oui, j’ai vu la misère de mon peuple qui est en Égypte, et j’ai entendu ses cris sous les coups des surveillants. Oui, je connais ses souffrances. Je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens (…) Maintenant, le cri des fils d’Israël est parvenu jusqu’à moi, et j’ai vu l’oppression que leur font subir les Égyptiens. Maintenant donc, va ! Je t’envoie chez Pharaon : tu feras sortir d’Égypte mon peuple, les fils d’Israël. »

 

Il s’agit ni plus ni moins que du mystère de l’incarnation, c’est-à-dire celui d’un Dieu qui se fait homme, qui s’engage dans les tourments de notre histoire d’ici-bas,  pour que cette histoire de péché et de perdition devienne une histoire du Salut. C’est bel et bien tout le mystère de l’incarnation, c’est la sainteté de Jeanne, et c’est l’appel qui nous est adressé : à la suite du Christ, de Ste Jeanne d’Arc et de tant d’autres, ne pas se contenter d’être les spectateurs et les commentateurs de la vie humaine, mais s’y engager résolument, sans crainte, pour en devenir les acteurs ! Et des acteurs qui renversent le cours de l’histoire pour mettre fin aux malheurs, aux injustices et aux violences jusqu’à ce qu’advienne le règne du seul vrai roi : roi de justice et de paix, d’amour et de vérité.

Pèlerinage sur les pas de Jeanne d’Arc en Berry


Les paroisses du Blanc et de Tournon St Martin, soucieuses de proposer la foi à leurs habitants, organisent régulièrement des missions paroissiales, inspirées par  les saints et les saintes de notre Eglise, et peut-être même “de nos églises”. De fait, à visiter les unes puis les autres, force est de constater qu’il est des figures que l’on retrouve quasi systématiquement dans les statues et vitraux de chacune d’elle. Partout ou presque, nous avons Ste Thérèse de Lisieux, Ste Bernadette, le St Curé d’Ars, St Antoine de Padoue, et… Ste Jeanne d’Arc.


Pour l’année pastorale 2022/2023, c’est donc autour de celle qui est à la fois sainte et héroïne nationale que nous nous rassemblons. Et pour créer l’évènement propre à aiguiser notre curiosité spirituelle, stimuler notre prière et revitaliser notre Foi, nous accueillerons “l’anneau de Jeanne d’Arc” dans nos paroisses et notre diocèse, le prochain week-end des 6, 7 et 8 mai. 


Or, il ne va pas toujours de soi d’accorder notre dévotion à Jeanne d’Arc. Certains éprouvent comme une gêne à reconnaitre et vénérer une forme de sainteté qui prit parti par les armes et en politique. On aimerait peut-être, que Dieu nous élève au-dessus des conflits, des afflictions et des agitations de notre condition humaine si bassement terre-à-terre, pour nous élever à des hauteurs qui nous fassent évader de ce monde ? Mais ce monde tel qu’il est, est le monde de Dieu, celui qu’il a résolu de sauver et dans lequel il veut nous incarner avec lui. Là est peut-être le premier appel qui jaillit de la vie de Jeanne ?


De fait, avec elle, nous redécouvrons d’abord le passé douloureux et meurtri de notre pays, ce contexte historique qui donne le sens et l’ampleur de sa sainteté. 






Qu’on y pense : lorsqu’elle nait à Domrémy, en 1412, cela fait déjà plus de 70 ans que dure la guerre avec les Anglais. Dans ce laps de temps, la France a connu aussi les Grandes Jacqueries, dont celle d’Etienne Marcel en 1358. C’est aussi dans cette période que la peste noire à ravagée l’Europe (1347-1351), avec les dégâts considérables que cette épidémie engendra. 5 ans avant la naissance de Jeanne, en 1407,  la guerre civile entre Armagnac et Bourguignon vient ajouter aux épreuves de la population, qui subit alors deux guerres concomitantes. Et en 1415, alors que Jeanne n’a que 3 ans, la défaite d’Azincourt vient catalyser les malheurs du pays. 

Au cours de ces mêmes années, l’Eglise est profondément défigurée par “le grand schisme d’occident”. En 1378 (34 ans avant la naissance de Jeanne), elle se divise en deux obédiences, avec d’un côté, Urbain VI, pape à Rome, que les historiens nous disent soucieux de revenir à l’Evangile ; et de l’autre Clément VII qui gagne Avignon en 1379. En 1409 (3 ans avant la naissance de Jeanne), le Concile de Pise démets les deux papes et en élit un autre, Alexandre V, de sorte qu’en 1412, à la naissance de Jeanne, il y a 3 papes : le pape de Rome, Grégoire XII, et deux antipapes, Jean XXIII, et Benoit XIII.


Ces rappels d’histoire nous permettent de comprendre que Jeanne nait dans un monde particulièrement complexe et meurtri. Mais c’est justement en raison de cette situation historique détériorée sur tous les plans, que la vie de Jeanne demeure d’une grande actualité et nous interroge : Comment dans les méandres historiques d’une période tourmentée, cette jeune chrétienne de 19 ans va ouvrir une voie de sainteté ? Comment dans un contexte si peu favorable, une jeune femme, laïque, a pourtant su tracer un chemin de foi, d’Espérance et de charité ?


En Ste jeanne d’Arc s’actualise de manière toute particulière le mystère de l’incarnation, tel qu’il fut annoncé dans l’épisode du buisson Ardent, lorsque Dieu dit à Moïse : « J’ai vu, oui, j’ai vu la misère de mon peuple qui est en Égypte, et j’ai entendu ses cris sous les coups des surveillants. Oui, je connais ses souffrances. Je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens (…) Maintenant donc, va ! Je t’envoie chez Pharaon : tu feras sortir d’Égypte mon peuple, les fils d’Israël » (Ex 3, 7-9 ). Il s’agit bien de cela : d’un Dieu “qui descend”, qui assume notre humanité, qui s’engage dans les tourments de notre histoire d’ici-bas,  pour que cette histoire de péché et de souffrances devienne une histoire du Salut. Il se joue là comme une conversion de l’Histoire qui nous redit ce qu’est la sainteté de Jeanne et d’où résonne un appel pour nous, aujourd’hui : à la suite du Christ, de Ste jeanne d’Arc et de tant d’autres, ne pas se contenter d’être les spectateurs et les commentateurs de la vie humaine, mais s’y engager résolument, sans en craindre les ambiguïtés, pour en devenir les acteurs ! Des acteurs qui, à la mesure et gré de la grâce, renversent le cours de l’Histoire et de nos histoires, pour mettre fin aux malheurs, aux injustices et aux violences et servir l’avènement d’un le règne de justice et de paix, d’amour et de vérité. Et ce faisant, “Messire Dieu premier servi !”


A la demande de notre évêque, cette mission paroissiale prend une dimension diocésaine, avec une pérégrination de l’anneau dans le Cher, qui offre à tous l’occasion d’un “pèlerinage sur les pas de Jeanne d’Arc en Berry”, dont le programme est le suivant :


Samedi 06 mai : à l’abbaye de Fontgombault

- 10h00, messe votive de Ste Jeanne d’Arc - 11h30-12h50, Ostension de l’anneau pour la vénération des fidèles - 14h50, Ostension de l’anneau pour la vénération des fidèles, animée par les Scouts - 20h45, office des Complies et procession au Flambeau


Dimanche 07 mai : à Bourges

- 10h45, accueil de l’anneau et entrée solennelle dans la cathédrale. 

- 11h00, Messe pontificale présidée par Mgr Jérome Beau

- 12h15-13h15, Ostension de l’anneau pour la vénération des fidèles à Mehun sur Yèvre 

- 16h00, mise en place de la procession, place du 14 juillet.

- 17h00, vêpres solennelle en l’église de Mehun

- 17h30-18h15, Ostension de l’anneau pour la vénération des fidèles


Lundi 08 mai : au Blanc

- 09h30, procession stationnale à travers la ville, depuis le château Naillac. - 11h00, messe pontificale à l’église St Génitour présidée par Mgr Jérome Beau - 12h30, Ostension de l’anneau pour la vénération des fidèles. Pendant ce temps, repas médiéval aux salles paroissiales (veau à la broche et pique-nique-barbecue tiré du sac) - 17h00, Adoration et Salut au St Sacrement à l’église St Génitour



Au Blanc, le 08 mai, la procession se déroulera avec un cortège équestre, constituée de Jeanne d’Arc et ses pages, en armures. A 12h30, après la messe pontificale, un repas médiéval (veau à la broche offert par la paroisse, complété par les pique-nique-barbecue tirés du sac) est organisé dans les salles paroissiales à 50m de l’église, lieu de la messe, de l’ostension et du temps d’adoration qui conclura ce week-end.

Soyez tous les bienvenus !


Père Patrick Guinnepain, 

                                                                                                                                                    curé doyen du Val de Creuse 



Joyeuses Pâques

Christ est ressuscité ! Joyeuses Pâques à tous.



 

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