1ère Station : Jésus au jardin des Oliviers.

Au préalable, lire l'Evangile de Marc, chapitre 14, versets 32 à 42 (Mc 14, 32-42)

Et prendre le temps de contempler l'image.

         A Getsémani, Jésus est apeuré, inquiet. La perspective des évènements qui s’annonce est terrorisante. Il va et vient de sa solitude à ses disciples, alternant la prière silencieuse et l’interpellation de ses proches. Il y a beaucoup de désarroi dans cette scène. 

    Il y a celui des disciples qui ne mesurent peut-être pas la gravité du moment : l’angoisse de Jésus ne les empêche pas de dormir ! Et pourtant, ce sont les disciples choisis pour être des témoins privilégiés, les 3 mêmes qu’à la transfiguration. Et ces disciples-là ne savent pas quoi dire à Jésus : ils sont devenus incapable de lui répondre.

   Il y a le désarroi du Christ qui tente par trois fois de “secouer” ses apôtres, mais en vain ! Il va même jusqu’à appeler Pierre du nom qu’il avait avant d’être disciple, comme s’il n’était plus digne du statut d’apôtre auquel il avait accédé par appel. Alors Jésus prie, d’une manière répétitive et insistante, redisant les mêmes paroles, précise le texte, comme un appel au secours.

       Jésus appelle à prendre les moyens de ne pas “entrer en tentation”. Cette expression s’enracine dans l’Ancient Testament, au chapitre 17 de l’Exode (cf. aussi Nombre 20). La “tentation”, c’est ce lieu où les hébreux sommèrent Dieu d’agir en leur faveur, de réaliser leur volonté et de manifester sa présence. La tentation, c’est cela : non pas une mise à l’épreuve de l’homme par Dieu, mais la mise à l’épreuve de Dieu par l’Homme ! La tentation, c’est le contraire de la prière du Christ, qui exprime son désir au Père, puis consent à la réalisation d’une volonté qui n’est pas sienne : « Cependant, non pas ce que moi, je veux, mais ce que toi, tu veux ! » Face aux tragédies de l’existence, à ce que l’on craint et refuse, à ce qui nous angoisse et nous terrorise, nous sommes appelés à nous désister en faveur du Père.

    Mais il n’y a pas, en cela, un renoncement qui serait une négation de soi-même. Il s’agit plutôt d’un abandon confiant entre les mains de celui qui, mieux que nous, saura nous faire advenir à notre véritable identité et nous conduire à la vie éternelle.  Cet abandon constitue donc un acte de charité qui résulte d’un acte de foi et d’Espérance. Se remettre entre les bras de celui qui, contre toute apparence, ouvre un chemin de Salut à travers les tragédies les plus inexorables, et offre une perspective d’avenir même au-delà de la mort.

 A l’image, le Christ nous est donné à voir, au pied des oliviers, accoudé sur un rocher, le visage caché entre ses mains. Figure masquée et inaccessible, de celui que nul ne parvient à rejoindre dans sa solitude, de celui qui ne trouve personne pour partager sa souffrance, aucun compagnon capable de regarder en face cette angoisse d’une mort à venir. Le seul soutien qu’il ait, est celui de ses propres mains et de la pierre sur laquelle il s’appuie : Lui-même et son Père, le « rocher du Salut » évoqué par les psaumes.

     Visage masqué dans les mains, le Christ ressemble à ceux dont les traits sont marqués par le grand-âge ou la maladie, mais cachés aux yeux des biens portants par des murs d’hôpitaux qu’on n’ose plus franchir. Il ressemble à ceux que l’on ose plus visiter  parce « que nous ne saurions pas quoi leur dire » ; à ceux que l’on ne vient plus rencontrer parce qu’on ne supporterait pas de les « voir ainsi » ; à tous ceux qui assument des blessures psychologiques et des tourments intérieurs, inexprimables et invisibles aux yeux des autres ; à ceux qui subissent de ces intimes supplices qui ne se font jamais parole et qui les torturent en profondeur… 

Terrible solitude des souffrants, affrontés à des drames ou nul ne les rejoint plus ; terrible solitude de ceux qui parviennent seul au seuil de la mort ; cruelle absence des disciples qui ne savent plus quoi dire ; et proximité du Christ avec tous ceux que le mal et la mort isolent, sans autre recourt possible que Dieu lui-même !

         Et dans le désarroi des uns et des autres, la prière s’offre comme l’ultime recours  à nos impasses existentielles : tenir dans la prière, tenir dans l’écoute de celui qui, devant nous, ouvre un passage (ps 30, 1-9).       

 

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