De Noël à la Mission paroissiale, médiation sur la nativité ! (Publié le 25/12/2021) - Paroisse Sainte Jeanne-Elisabeth et paroisse Saint Martin

25 décembre 2020

De Noël à la Mission paroissiale, médiation sur la nativité ! (Publié le 25/12/2021)

Frères et Sœurs, vous le savez, du 16 au 23 janvier prochain, nos paroisses auront la joie d’accueillir les reliques de Ste Bernadette, pour vivre une “mission Notre-Dame de Lourdes”, c’est-à-dire une semaine de prières et de célébrations à l’intention des familles, mais aussi et surtout, à l’intention des personnes malades et de ceux qui les soignent.

Ste Bernadette est née en 1844, et décédée à 35 ans en 1876. Elle a donc vécu au milieu du XIX° siècle, il y a 170 ans environs. Et je vous propose de vivre ce Noël 2021 dans la perspective de la mission à venir, en jetant un rapide regard sur ces 170 années qui nous séparent des apparitions de la Vierge Marie à Lourdes, auprès de cette jeune fille de 14 ans.


A mon sens, le fait le plus marquant de ces 170 ans, c’est qu’en 1850, il y avait 1 milliard 250 millions d’habitants sur la terre ; tandis qu’en 2021, nous sommes 7 milliards et 253 millions à peupler notre Terre. Autrement dit, en 170 ans, la population mondiale a été multipliée par 5 ! Il est probable que c’est cette explosion exponentielle de la population mondiale qui explique bien des faits historiques de notre passé récent, ainsi que la plupart des défis du présent.

Qu’on y songe, en si peu de temps, il a fallu organiser les sociétés humaines avec des systèmes politiques aptes à gouverner 5 fois plus de monde ; construire 5 fois plus de logement et d’infrastructures diverses ; se doter des capacités de soigner, de scolariser 5 fois plus de personnes ; produire 5 fois plus de nourritures ; multiplier par 5 les biens manufacturés, les capacités de transports et naturellement la production d’énergie.

Il en a fallu du travail, de la créativité, du génie aussi, pour que l’humanité puisse s’accueillir elle-même dans l’augmentation de sa population. Quels progrès des sciences et techniques pendant ces 170 années ! Progrès de la médecine, de l’agriculture, des transports, des communications, et d’autres choses encore …

Mais nous le savons également, cela ne s’est pas fait non plus sans heurts ni difficultés. Bien des pays ont voulu s’emparer de la richesse des autres pour l’accaparer à leurs seuls profits dans des empires démesurés ; d’autres ont voulus asservir des populations entières avec régimes dictatoriaux d’une extrême brutalité. Ces 170 années furent celles aussi des guerres mondiales et des grands génocides, d’un certains nombres de crises humanitaires et économiques des plus dramatiques.

Finalement, c’est peut-être cela qu’il nous faut regarder en cette nuit de Noël. Au cours de ces 170 ans, chaque génération a dû affronter les crises de son temps, assumer des situations difficiles et complexes liées aux mutations considérables qu’engendrait l’évolution démographique. Et ce faisant, quelles réussites, mais quels échecs aussi ; Quelle gloire pour l’aventure humaine, mais quelle honte parfois ; quels progrès, vraiment, mais quelles régressions trop souvent … !


Aujourd’hui comme hier, les défis de l’humanité, de toute l’humanité, affectent non seulement les populations, mais aussi les familles et chacun des individus, de façon très concrète et sensible. Ainsi par exemple :

- Nous faisons face aujourd’hui à une épidémie assez inédite et qui touche nos familles ; en 1854, le choléra ravageait les hautes Pyrénées et Ste Bernadette en fut atteinte. Elle en gardera des séquelles toute sa vie.

- Nous faisons face à des maladies comme le cancer, qui emportent nos proches sans que l’on sache les soigner encore ; Bernadette a vu mourir 4 de ses petits frères et sœurs, avant d’être elle-même emportée par la tuberculose à 35 ans.


- Nous voyons évoluer considérablement les techniques et les manières de travailler, ce qui remet en cause nos organisation sociales et économiques, non sans dommages ; La famille de Bernadette vivait au temps de la première révolution industrielle, et son père connu le chômage.

- nous connaissons ici ou là, à l’échelle de la planète ou de nos sociétés, des difficultés de logement, avec des populations entières à la rue ou en bidonvilles ; Bernadette a commencé sa vie au “moulin du bonheur”, avant de connaître la misère et de se retrouver dans un cachot insalubre avec toute sa famille.

- nous sommes saoulés à longueur de journée par un trop plein d’informations contradictoires qui véhiculent autant de vérité que de fake-news ; Bernadette fut l’une des premières saintes à affronter la pression médiatique et les informations mensongères que colportaient la rumeur publique et les journaux de son temps, à son sujet.


Nous pourrions multiplier les comparaisons, mais à quoi bon ? Depuis 170 ans, chaque génération doit assumer des défis d’une grande ampleur, pour leur trouver des solutions viables. Et chaque génération doit consentir à regarder son époque et ses questionnements avec une lucidité courageuse, pour engendrer un avenir vivable. Et c’est probablement ce qui fait la beauté, la grandeur et la noblesse de cette aventure humaine dans laquelle nous sommes tous embarqués.

A nous de relever les défis de l’écologie et de l’énergie, de la crise migratoire et des déplacements de population, des biotechnologies et de la bioéthique, de la conquête spatiale et toujours … de la paix entre les nations.


Et c’est dans ce contexte-là que nous célébrons Noël, mystère d’un Dieu qui nous rejoint, qui vient habiter ce monde tel qu’il est, qui arrive pour partager nos existences, un Dieu qui ne nous laisse pas livrés à nous-mêmes, à nous dépêtrer seuls dans des problèmes insolubles. Un Dieu qui ne se résout pas à rester à distance, mais qui se fait cas-contact de l’humanité, de notre humanité, pour demeurer au plus proche à nos côtés.

Et s’il vient, nous dit la seconde lecture de la nuit de Noël (Tt 2, 11-14), c’est pour notre Salut ! la première bonne nouvelle de la Nativité est là : il ne veut pas que nous courrions à notre perte, il ne veut pas que nous allions dans le mur, il ne veut pas que l’on s’égare à faire fausse route ! Il vient pour notre Salut, il vient sauver notre humanité et sauver notre terre qui est sa création. Il veut que l’on s’en sorte !

Pour cela nous dit encore cette seconde lecture, il vient nous apprendre “à vivre dans le temps présent de manière raisonnable”. Jésus-Christ s’est fait homme, il a assumé notre condition humaine pour nous montrer comment vivre dans le temps, en homme raisonnable. Il se fait le compagnon de route qu’il faut connaitre et fréquenter, parce qu’il montre l’exemple, il parle, il conseille, il éduque, il indique la bonne voie.

Son projet frères et sœurs, c’est (nous dit encore cette seconde lecture) de faire de nous “un peuple ardent à faire le bien”. Non pas une humanité qui se défigure elle-même par les horreurs qu’elle commet, non pas des sociétés qui avilissent et humilient, mais des hommes et des femmes rassemblés pour embellir, ennoblir et épanouir ; des hommes et des femmes ensemble pour promouvoir le beau, le bien et le bon : un peuple ardent à faire le bien !


Pourtant, malgré cette intention de Dieu, l’Evangile nous dit qu’ils furent très peu nombreux à l’accueillir. “Il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune”.

Aussi, peut-être faut-il choisir en cette nuit, d’être de ceux qui font une place à ce Dieu qui est le Sauveur : une place dans la salle commune, c’est-à-dire une place dans nos emplois du temps, une place dans nos priorités, une place dans l’éducation de nos enfants, une place dans nos vies personnelles mais aussi familiale, dans nos activités professionnelles comme dans nos engagements sociétaux. Parce qu’il y va du Salut et de l’avenir de notre humanité !


Le Dieu qui se fait homme en Jésus Christ est le sauveur, l’unique sauveur que le monde attend, est venu nous apprendre à vivre dans ce monde, avec les défis de notre époque, en hommes raisonnables, pour que nous devenions ensemble ce peuple ardent à faire le bien !

Plus que jamais, accueillons-le, faisons-lui place !