Entrée en Avent :
L’Evangile de ce jour, nous annonce la venue du “Fils
de l’Homme”, un des titres que Jésus s’attribue lui-même et sur lequel nous
étions déjà invités à méditer la semaine passée en la fête du Christ Roi. Et
nous pouvons poursuivre cette méditation pour entrer en Avent.
Dans le livre de Daniel, le “Fils de l’Homme” est une
expression qui désigne non pas un individu, mais un personnage collectif. Il s’agit
du Peuple d’Israël, à qui est confiée la “royauté” et la “domination”, comme en
atteste sans aucune ambiguïté possible le chapitre 7, verset 27 : « La royauté, la domination et la
puissance de tous les royaumes de la terre, sont données au peuple des saints
du Très-Haut. Sa royauté est une royauté éternelle, et tous les empires le
serviront et lui obéiront. »
Et si Jésus s’attribue à lui-même le titre de “Fils de
l’Homme”, figure du Peuple d’Israël, du peuple de Dieu dans l’Ancien testament,
c’est peut-être pour nous inviter à y voir la préfiguration de l’Eglise, assemblée
des baptisés qui devient corps du Christ par le mystère de l’Eucharistie. La
venue du “Fils de l’Homme” peut s’interpréter comme l’avènement du Christ
ressuscité, en son corps qui est l’Eglise et dont nous sommes les membres. Et
la liturgie de la parole évoque et annonce ainsi un évènement bien
contemporain, éminemment ecclésial et, (osons-le dire), paroissial !
Un évènement qui nous interroge et, ce faisant,
résonne comme un appel urgent à la conversion. Le Christ est venu, il
reviendra, et aujourd’hui encore, il advient au cœur de ce monde en son corps
qui est l’Eglise. La promesse de l’Avent, est celle d’une Eglise qui advient au
cœur du monde comme un signe de Salut ; promesse de communautés chrétiennes,
membres du corps du Christ, qui apparaissent au sein des sociétés humaines
comme des lieux d’espérance et des raisons d’espérer. Ainsi l’Evangile de ce
jour prend toute son actualité, tout comme le “synode sur la synodalité”.
Dans ce monde inquiet jusqu’à l’angoisse des crises
qui le traversent, dans nos sociétés humaines abimées, au milieu des hommes et
des femmes de ce temps anxieux et tourmentés par les défis de l’avenir, quel
visage d’Eglise voulons-nous faire apparaitre ? Que faire voir du “corps
du Christ” à nos contemporains ? Comment nous convertir à devenir ensemble
le “Fils de l’Homme”, ce peuple de saints dont le Christ est la tête ? Ce
peuple qui, (pour reprendre l’expression de la première lecture de ce jour :
Jr 33, 14-16), accomplit en faveur de l’humanité
la “parole de bonheur” adressée par Dieu à son peuple ?
Et pour cela, comment nos communautés chrétiennes, blessées
et abîmées, défigurées et découragées parfois par les scandales à répétition qui
surgissent dans les médias ces derniers mois, comment nos paroisses peuvent
redevenir des maisons sûres, des familles accueillantes, fraternelles et aimantes où chacun de réjouit
de voir l’autre prendre sa place ?
De quoi sommes-nous en Avent ? N’est-ce pas d’une
Eglise transfigurée, ne cessant jamais de chercher dans la conversion, sa
configuration la plus juste au corps du Christ ? N’est-ce pas ce chemin de
conversion que le Synode cherche à explorer pour donner à voir le “Fils de l’Homme”,
le Christ en son Eglise, qui vient apporter le Salut et l’Espérance au cœur des
vicissitudes de l’existence ?
Votre curé : Père Patrick